Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 27/03/2023 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.
Gravé par

DURER Albrecht


Ecole allemande

Saint François d'Assise recevant les stigmates

1507

Estampe

TECHNIQUES :
gravure sur bois

INVENTAIRES :
Collection Edmond de Rothschild
L 36 LR/203 Recto

LOCALISATION :
Réserve Edmond de Rothschild
Recueil : Dürer Albrecht -3- (Ortelius 1)
L 36 LR
Folio 84
rapporté au recto

ATTRIBUTION ACTUELLE :
Gravé par DURER Albrecht
Inspiré par DURER Albrecht

TECHNIQUES ET DIMENSIONS :
Gravure sur bois. Monogramme AD à droite sur une tablette. Légende typographique en bas à l'intérieur du trait carré: "VVLNERA QVAE PROPTER CHRISTVM FRANCISCE TVLISTI / ILLA ROGO NOSTRIS SINT MEDICINA MALIS"
Dimensions à la feuille : H. 00,226m ; L. 00,154m
Dimensions au trait carré : H. 00,220m ; L. 00,147m

HISTORIQUE :
Abraham Ortelius - en 1589 à Jacques Collius Ortelius - William Six, sa vente, Amsterdam, 12 mai 1734, partie du n°23 - Pierre-Jean Mariette, sa vente Paris, 15 Novembre 1775- 30 janvier 1776 n°704 - Ch. L. de Saint-Yves, sa vente, Paris, 2 mai 1805 et j. suivants, p. 123 - comte Moritz von Fries, sa vente, Amsterdam, 21 juin 1824, p. 72, n°20 - baron Johan Gijsbert Verstolk van Soelen, sa vente, Amsterdam, 31 mars 1851, n° 1532 - Colnaghi - Henry Huth, sa vente, Londres, 4-6 juillet 1911, n°209 - baron Edmond de Rothschild. Au verso à la plume et encre brune: F. Rechberger 1806.
Dernière provenance : Rothschild, baron Edmond de
Mode d'acquisition : don
Année d'acquisition : 1935

COMMENTAIRE :
"Réunis dans un même cadre depuis le xixe siècle au moins, les deux panneaux représentant saint François et saint Jérôme, datés de 1507, font partie des toutes premières peintures connues de l'artiste. Leur format comme leur sujet suggèrent qu'ils ont été conçus comme des pendants, mais sans doute pas comme un diptyque puisque la date et le monogramme, d'une couleur différente pour chaque tableau, se trouvent répétés dans l'un et l'autre. De petites dimensions, ces oeuvres étaient probablement destinées à orner un intérieur et à servir la dévotion de leur propriétaire, car saint Jérôme en pénitent et saint François recevant les stigmates étaient considérés comme les modèles par excellence pour le croyant qui voulait ressentir les souffrances du Christ lors de la Passion afin d'accéder au salut. Les deux saints sont représentés dans le style miniaturiste caractéristique d'Albrecht Altdorfer dans les années 1507-1510, lequel use de petites touches pour isoler chaque détail et de points plus clairs sur de grandes plages de couleur pour donner à la surface une vibration lumineuse. L'artiste a figuré saint Jérôme et saint François selon une veine iconographique mise au point dans la peinture italienne du Nord depuis la seconde moitié du xve siècle. La conception de deux tableaux se répondant a peut-être été encouragée par la circulation d'estampes italiennes, qu'Altdorfer collectionnait sans doute, comme on peut le voir sur l'une d'entre elles2, vraisemblablement gravée à Milan dans les années 1490, où les deux saints sont agenouillés de part et d'autre du Christ sur la Croix, dans une posture très proche. On saisit mieux l'originalité d'Altdorfer si l'on confronte ces deux tableaux aux réalisations artistiques d'Albrecht Dürer et de Lucas Cranach sur le même thème dans les mêmes années. Altdorfer s'est directement inspiré du Saint François recevant les stigmates, gravure sur bois de Dürer des années 1503-15043 (fi g. 19). L'artiste a repris la pose du saint, l'arbre, qui constitue l'axe de la composition, et jusqu'au raccourci qui déforme le visage vu légèrement de trois quarts. Mais les différences sont tout aussi intéressantes à relever. Altdorfer a réduit frère Léon à une petite silhouette vue de dos, à peine discernable au second plan, dans le lointain. Il a rempli d'éléments végétaux l'espace ainsi libéré et ouvert la perspective vers le paysage de l'arrière-plan. Pour saint Jérôme, l'artiste semble avoir puisé à plusieurs sources. Si le tableau du Saint Jérôme de Lucas Cranach daté de 15024, peint lors du séjour viennois de l'artiste, n'est sans doute pas un modèle direct pour Albrecht, il constitue toutefois un développement parallèle. On note dans les deux oeuvres un intérêt similaire porté à la nature luxuriante et au drapé bouillonnant enveloppant l'ascète, mais aussi des choix différents, comme dans l'expression du saint, tourmentée chez Cranach, concentrée chez Altdorfer. On retrouve le saint en pénitence dans une gravure au burin de Dürer vers 1495-14965, et dans une peinture du milieu des années 14906. Le buste nu du saint, la pierre ramenée contre la poitrine tandis que de l'autre main il tient le livre, les yeux fixes du lion et sa gueule entrouverte, autant de détails qu'Altdorfer a repris, laissant penser qu'il a vu les deux oeuvres de Dürer. La gravure a largement circulé et le tableau semble avoir été populaire car on en connaît deux copies peintes (dont l'une qui fut un temps attribuée à Altdorfer7) et une troisième sculptée8. Toutefois, le traitement du paysage constitue une frontière évidente entre l'art de Dürer, qui place Jérôme dans une solitude rocailleuse, et celui d'Altdorfer, qui plonge son ermite dans une végétation nordique et foisonnante. Nos deux saints ne sont pas complètement perdus dans la nature, comme le seront le Saint Georges9 peint en 1510 (fi g. 12), ou le Saint Jérôme sur papier préparé (vers 1510-1512)10, mais leur intégration dans le paysage anticipe cette évolution. La gravure sur bois représentant Saint Jérôme, que Lucas Cranach donne en 150911 (fi g. 20), montre que ce dernier a continué à réfléchir à ce sujet, accentuant par rapport à son tableau de 1502 la profondeur de l'espace et accordant au paysage une nouvelle dimension, perçue en tout cas par certains comme telle, car l'estampe donna lieu à une copie dessinée par un anonyme allemand12 au cours du premier tiers du xvie siècle, qui a volontairement exclu la figure du saint, ses attributs et le lion, faisant de sa feuille une pure étude de paysage. (1. Noll 2004, p. 96-99 et 107-110. 2. Hind 1938-1948, I, p. 229, no E.III. 58. 3. Bartsch 1803-1821, VII, p. 138, no 110 ; Schoch, Mende et Scherbaum 2001-2004, II, no 134. 4. Vienne, Kunsthistorisches Museum, inv. GG 6739. 5. Bartsch 1803-1821, VII, p. 77, no 61 ; Schoch, Mende et Scherbaum 2001-2004, I, no 6. 6. Londres, The National Gallery, inv. NG 6563. La datation de ce tableau est controversée ; il est placé soit après le premier voyage en Italie, soit vers 1496-1497 (voir A. Kutschke dans Francfort 2013-2014, no 2.26), soit avant le voyage, c'est-à-dire en 1494 (voir A. J. Martin dans Milan 2018, no 3.1 et C. Metzger dans Vienne 2019-2020, p. 100). 7. Cologne, Wallraf-Richartz Museum, inv. 844 ; Buchner 1930, p. 161-169 ; Munich 1938, no 10. 8. Wood 2014, p. 116, note 85. 9. Munich, Alte Pinakothek, inv. WAF 29.. Londres, The British Museum, inv. 1904,0711.1. Winzinger 1952, no 47. 11. Bartsch 1803-1821, VII, p. 284, no 63 ; Hollstein's German 1954-2018, VI, no 84. 12. Francfort, Städel Museum, inv. 651. Voir Bruxelles et Paris 2010-2011, no 55" (S. Lepape, 2020). Bibliographie : Bartsch, 1808, n. 110 Heller, 1827, II, n. 1829 Meder, 1932, n. 224a TIB, 10.7, 1980, n. Lepape in 'Albrecht Altdorfer. Maître de la Renaissance allemande', Hélène Grollemund, Olivia Savatier Sjöholm, Séverine Lepape, cat. exp. Paris, musée du Louvre, 1er octobre 2020 - 4 janvier 2021, Paris, 2020, sous le n° 2a, pp. 48-51, repr. p. 48 fig. 19

DESCRIPTION DU RECUEIL :
Premier de deux recueils de l'oeuvre gravée sur bois d'Albrecht Dürer. Il est composé de 100 folios. Relié en cuir de Russie au début du XIXe siècle pour le comte Moritz von Fries. H : 00,662 m L : 00,500 m D : 00,075 m Livre ouvert : 01,020 m

INDEX :
Collections : Fries, Graf Moriz von - Mariette, Pierre-Jean - Huth, Henri - Verstolk von Soelen, baron Jan Gijsbert - Ortélius, Abraham - Collius, Jacques - Saint-Yves, Charles Léoffroy de - Six, William
Personnes : François d'Assise, saint
Sujets : Saint François d'Assise recevant les stigmates

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 9, p. 37