Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 04/11/2021 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

PRUD'HON Pierre Paul


Ecole française

Femme en robe rouge, la tête ornée d'un diadème
Etude pour la Richesse.

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 32587, Recto

Anciens numéros d'inventaire :
NIII33419

LOCALISATION :
Réserve des pastels

ATTRIBUTION ACTUELLE :
PRUD'HON Pierre Paul

TECHNIQUES :
Pastel sur toile enduite d'un apprêt et tendue sur châssis. Mesures du cadre : H: 00,65, L: 00,56 et profondeur : 00,055.
H. 00,555m ; L. 00,460m

HISTORIQUE :
Collection Bruzard. Sa vente après décès, 23-26 avril 1839, lot 245. Acquis à cette occasion par le musée du Louvre pour la somme de 50 francs (A.M.L., D6, 25 juin 1839).
Dernière provenance : Bruzard
Mode d'acquisition : achat
Année d'acquisition : 1839


COMMENTAIRE :
Etude pour la figure de la Fortune à droite dans le tableau peint par Constance Mayer 'L'Innocence entre l'Amour et la Fortune', exposé au Salon de 1804, conservé maintenant au Musée de l'Ermitage. G. Monnier, 'Pastels XVIIe et XVIIIe siècles, Musée du Louvre', Inventaire des collections publiques françaises, 18, Paris, 1972, no 100. Jules de Goncourt cite en 1876 (p. 311-312) « une étude rehaussée pour la Richesse, figure entière », dans la collection Van Cuyck. Neil Jeffares donne ce pastel à Pierre-Paul Prud'hon, sujet Jeune femme coiffée d'un diadème (Dictionary of pastellists before 1800, Londres, 2006, p. 428). Ratouis de Limay remarquait en 1946 (p. 95) que Prud'hon avait exécuté l'essentiel de ses pastels entre 1794 et 1796 lorsque, après avoir dû quitter Paris en raison de la disette, il s'était installé avec sa famille à Rigny, en Haute-Saône, non loin de Gray. Les œuvres peintes alors avaient représenté les membres de la bonne société de la région, « portraits à la grosse », selon les mots des Goncourtdans L'Art du XVIIIe siècle, « mais où le peintre qui ne pouvait toucher à rien sans y mettre son originalité, essayait déjà ces tons laqueux et sans mélange de jaune, ce martellement de la touche, ces égratignures hardies de bleu dans les ombres, qui devaient donner plus tard à ses pastels cette fraîcheur humide et cette sorte de clapotement de lumière avec lesquelles ses crayons peignent les chairs ». Après son retour à Paris, l'artiste avait continué à utiliser le pastel pour peindre certains portraits, en particulier ceux des membres de la famille Schimmelpenninck (Amsterdam, Rijksmuseum, inv. SK A. 3097) et quelques études de figures allégoriques. Plusieurs de ces dernières, dont celles conservées au Louvre préparatoires à la Richesse et à l'Innocence, étaient destinées à aider son élève Constance Mayer (1774-1821). En 1803, certains des amis de Prud'hon l'avait convaincu d'accueillir la demoiselle dans son atelier. Déjà formée par Joseph Benoît Suvée et Jean-Baptiste Greuze, la jeune femme présentait de nombreuses qualités artistiques qui conduisirent Prud'hon à travailler avec elle en étroite collaboration. Lors de la rétrospective dédiée au maître en 1997-1998, il a semblé à Sylvain Laveissière que ce travail conduit en commun l'avait été dans une convenance mutuelle, Prud'hon peignant ses propres œuvres avec lenteur, après avoir multiplié les croquis et les dessins, et parfois peint une esquisse, ébauchant sa toile, la laissant en repos, la corrigeant à maintes reprises après avoir fait de nouvelles études de détails, Constance recevant la mission de peindre l'œuvre définitive dans des délais plus courts et sans hésitation grâce à l'ensemble des études mises à sa disposition. Le résultat de cet heureux arrangement fut pour la première fois exposé sous le nom de Mlle Mayer au Salon de l'an XII, ouvert le 2 septembre 1804. Il s'agissait d'une grande toile signée et datée par Constance dont le livret (no 319) révélait le sujet : « Le mépris des richesses » ou « L'Innocence entre l'Amour et la Fortune ». Acquise par le prince Youssoupov en 1810 à la fin de son séjour parisien, l'oeuvre est conservée depuis 1925 au musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg (Inv. 5673). Elle réunit dans une composition que Prud'hon avait inventée en 1802 pour un projet de médaille inabouti illustrant la paix d'Amiens, quatre personnages, avec au centre l'Innocence qui enlace l'Amour, adolescent ailé accompagné du petit Cupidon, et à droite l'allégorie de la Fortune présentant un coffret empli de joyaux. Amplement drapée à l'antique et coiffée d'un diadème, celle-ci se détache au devant d'un palais, tandis que l'Innocence, l'Amour et Cupidon, plus dévêtus, sont mis en valeur par un fond de bosquet symbolisant la Nature. Afin d'aider Constance Mayer à peindre l'oeuvre, Prud'hon lui donna un dessin pour l'ensemble de la composition (Chantilly, musée Condé. Inv. DE 502), une esquisse peinte sur bois (Chicago,Art Institute of Chicago, inv. 1933-1090), plusieurs dessins préparatoires pour l'Amour (Paris, collection Prat et localisation inconnue),Cupidon (Localisation inconnue) et la tête de l'Innocence (Collection particulière) et plusieurs études au pastel pour l'Amour en pied (Collection particulière), Cupidon (Collection particulière), pour un bras (Localisation inconnue) et, grandeur nature, pour les bustes de l'Innocence et de la Richesse conservés au musée du Louvre. De ces deux œuvres, que Constance Mayer reproduisit sans variantes, celle décrivant la Richesse offre une technique très particulière. En effet,si l'étude de l'Innocence joue de manière traditionnelle de l'estompe du pastel et parvient à transcrire l'effet de la lumière sur le corps féminin, celle de la Richesse est construite et modelée au moyen de nombreux petits accents de couleur entrecroisés, ainsi que Prud'hon le faisait pour ses dessins à la pierre noire et à la craie blanche. Cette science de la lumière avait frappé les Goncourt. Laissons-leur le dernier mot en rappelant leur propos : « il recharge ses valeurs, il masse et presse les raies de crayon blanc, qui se rencontrent en losanges [...], puis une estompe de mousseline de l'Inde amortit tout ce travail dans une fonte générale. La sauce frottée a laissé le reflet sourd et moelleux du velours gris aux parties d'ombres, auxquelles Prudhon ne touche plus que pour les accentuer, dans les valeurs, de rayures de crayon noir qui vergent le papier. Le moment du dernier travail est venu : le crayon blanc est repris, et ses raies recommencent ; mais, cette fois, Prudhon le pousse à petits coups sur cette figure, qu'il semble lisser et polir amoureusement ; il nuance les plus petites indications de lumières, il fait sentir la moindre dégradation des plans, et il ne s'arrête que lorsque l'image humaine vit et palpite sous les mille petites lignes juxtaposées de son crayon comme sous une trame de jour » (L'Art du xviiie siècle, 1882 (1967), p. 180-181) (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre, éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 122, p. 253-256). neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 122/123.

INDEX :
Collections : Bruzard
Lieux : Léningrad, Musée de l'Ermitage, oeuvre en rapport
Personnes : Mayer-Lamartinière, Marie Françoise Constance, oeuvre en rapport
Sujets : portrait - Prud'hon, Pierre-Paul, La Fortune
Techniques : pastel

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 13, p. 273