Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 18/08/2022 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

BOUCHARDON Edme


Ecole française

Psyché

Vers 1727/1730

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 24236, Recto

Anciens numéros d'inventaire :
NIII14867
MA12367

Numéros de catalogue :
Guiffrey et Marcel G661

LOCALISATION :
Très grand format

ATTRIBUTION ACTUELLE :
BOUCHARDON Edme
Inspiré par SANTI Raffaello

TECHNIQUES :
Sanguine. Bords non découpés. Trace de pliure horizontale au milieu. Lacune en haut au milieu. Trous de punaise sur le bord supérieur. Papier oxydé. Verso : en haut à gauche, 137 C au graphite, 137 repris à la plume et encre brune. Filigrane : fleur de lys dans un cercle, au dessous CB.
H. 00,585m ; L. 00,433m

INVENTAIRE DU MUSEE NAPOLEON :
Inventaire du Musée Napoléon. Dessins. Vol.8, p.1535, chap. : Ecole française, Volume C. (...) Numéro : 12367. Nom du maître : Idem [[ Bouchardon /&. Numéro d'ordre dans l'oeuvre du maître : 137 C. Désignation des sujets : Venus, d'après Raphael. Dimensions : H. 57 x L. 40cm. Origine : Idem & Donné par Mr. Girard /&. Emplacement actuel : Idem & Calcographie du Musée Napoléon ]]. Signe de recollement : [Vu] [[au crayon]]. Cote : 1DD40 Note relative à la saisie informatique : Désignation des sujets : la technique, précisée dans la notice n° 12231, concerne en fait les notices n° 12231 à 12367..

COMMENTAIRE :
On peut dater les copies des fresques de la villa Farnésine entre 1727 et 1730, d'après une lettre du 29 octobre 1727 de Nicolas Vleughels au duc d'Antin (A. de Montaiglon et J. Guiffrey, 1887-1912, vol.7 p. 378) : « J'espère faire copier au Vatican la Messe de Raphaël, qui est un de ses beaux ouvrages, mais il est mal éclairé, et puis les Noces de Psichée, au petit Farnèse. » Par ailleurs, le 22 juin 1730, Vleughels indique au sujet de Bouchardon et Adam : « Un voudrait finir quelque étude qu'il a commencé d'après le Carache et Raphaël, et l'autre voudrait modeler quelque morceau pour son étude. [...] Bouchardon emporte de belles études d'ici, dessinées d'une belle manière ; il y a peu de sculpteurs qui s'en acquittent comme lui (A. de Montaiglon et J. Guiffrey, 1887-1912, vol.8 p. 119). » Bouchardon retrouve le même principe stylistique qu'à la chapelle Polet de l'église Saint-Louis-des-Français : il privilégie des détails en gros plan, visages, mains, pieds, et isole parfois des groupes. D'après Psyché reçue dans l'Olympe (figure de Psyché) de Raffaello Santi, dit Raphaël (1483-1520), 1518, fresque, voûte, au milieu du panneau, loggia de Psyché, villa Farnésine, Rome. D'après la même composition : Inv. 24195, Inv. 24213, Inv. 24215, Inv. 24217, Inv. 24220, Inv. 24223, Inv. 24224, Inv. 24226, Inv. 24230. D'après la même loggia : Inv. 24141, Inv. 24142, Inv. 24143, Inv. 24144, Inv. 24147 Inv. 24154, Inv. 24160, Inv. 24161, Inv. 24162, Inv. 24163, Inv. 24164, Inv. 24188, Inv. 24205, Inv. 24207, Inv. 24214, Inv. 24216, Inv. 24218, Inv. 24219, Inv. 24221, Inv. 24222, Inv. 24225, Inv. 24227, Inv. 24228, Inv. 24229, Inv. 24231, Inv. 24232 Voir aussi : Inv. 24191, Inv. 24192, Inv. 24209, Inv. 24210, Inv. 24211. ((J. Trey, 2016). « (...)Pour la figure de Psyché présentée à Jupiter dans la scène du Conseil des dieux, Bouchardon a préféré la dessiner entièrement, mais, comme à son habitude, en l'isolant du reste de la composition. La partie droite de la feuille, laissée vierge, omet les ailes de Zéphyr (d'où l'arc de cercle sous la main gauche) ainsi que Pluton (dont il dessina le visage sur une feuille séparée7 ) et son chien Cerbère. La partie gauche, recouverte d'un réseau de hachures en diagonale sur le fond duquel se détache la silhouette de Psyché, fait abstraction du dieu Mars. Bouchardon a tracé les contours de la figure et des plis avec un trait épais et marqué, merveilleusement maîtrisé, admirable dans le profil du visage (...) Très particulier, le dessin des mains, qui sont d'une grande mollesse, avec les phalanges longues, désarticulées, et la peau qui remonte sur l'ongle, est caractéristique de Bouchardon. » (A.-L. Desmas, 2016). « La décoration du Plafond d'Hercule au château de Versailles fut sans nul doute, le chef-d'œuvre de François Lemoyne. L'influence de la peinture « plafonnante » italienne y est évidente. Nombre des têtes qui y sont peintes sont directement liées à l'art italien au travers d'un autre artiste, le sculpteur Edme Bouchardon. Convaincu de l'importance de la copie dans sa formation artistique, il copia non seulement des antiques, mais aussi les maîtres italiens de la Renaissance. Raphaël en particulier attira son attention et Bouchardon se concentra sur la copie des grands cycles artistiques raphaélesques, les chambres du Vatican et la Villa Farnésine. Bouchardon rentre en France à la fin de l'année 1732, au même moment où François Lemoyne, après avoir fini l'esquisse de son Plafond d'Hercule en 1731, reprend son travail sur ce cycle. Il travaille d'après nature durant l'hiver 1732-1733 puis après avoir tracé les premiers groupes de figures en mai 1733, il se rend compte qu'il en manque une quarantaine. François Lemoyne copie alors douze dessins de Bouchardon d'après Raphaël, essentiellement les Grâces des pendentifs de la Loggia de Psyché à la Villa Farnésine. Bouchardon en avait copié la fresque et nous en connaissons nous connaissons une trentaine de dessins, vingt-cinq étant des copies de figures isolées. En plus des figures de Vénus et des muses Clio, Thalie et Erato peintes par Lemoyne dans le salon de Versailles, on retrouve le profil d'une des grâces de Raphaël copiée par Bouchardon. Lemoyne semble aussi avoir inversé le dessin de Bouchardon pour exécuter la figure d'Amphitrite à gauche du groupe d'Hébé et Jupiter. La copie de la tête de Psyché de Bouchardon [INV 24188] se retrouve inversée dans le visage de la Vénus peinte par Lemoyne. La proximité entre ces deux visages est encore plus évidente si l'on se réfère à une étude préparatoire de Lemoyne pour cette tête de Vénus où la déesse apparaît avec les yeux baissés alors que dans le plafond ils sont ouverts et tournés vers la droite. Nonobstant l'apparente naturelle du dessin de Lemoyne, on peut se demander si l'artiste n'a pas simplement repris la sanguine de Bouchardon à main levée, celle-ci ne semblant pas avoir été décalquée. Cette hypothèse est renforcée par le fait que Lemoyne a modifié le visage de sa Vénus après avoir exécuté le modèle du second et ultime projet pour le plafond, dans ce modèle, la Vénus tourne et soulève la tête au-dessus de son épaule droite. Lemoyne semble avoir retravaillé certains visages après l'exécution du modèle, peut-être durant l'hiver 1732-1733 comme le propose Jean-Luc Bordeaux, mais il a certainement utilisé ces dessins aussi pendant l'hiver suivant quand il a dû rajouter à la composition des figures complémentaires. De la même façon, pour créer la figure de Cérès absente du modèle du plafond, Lemoyne sembla reprendre, renversé, le dessin de la Tête de Psyché de Bouchardon [INV 24214]. Dans un dessin préparatoire conservé à Londres pour la même Cérès, l'attitude du modèle et les draperies sont bien finies quand le visage est à peine esquissé, ce qui renforce l'hypothèse que la figure a été ajoutée dans un second temps. Ainsi quelques figures déjà présentes dans le modèle du plafond semblent avoir été légèrement adaptées après que Lemoyne ait eu entre les mains les sanguines de Bouchardon. Ainsi, le visage de Bacchus sera légèrement modifié pour se rapprocher du dessin copié d'après Raphaël (INV 24223). Plus complexe, la figure d'Hébé qui, avec Jupiter et Hercule constitue le motif central du plafond. Dans le modèle pour la décoration du plafond, sa position est plus proche de celle de Psyché devant Jupiter peinte par Raphaël à la Farnésine dont Bouchardon n'avait pas seulement copié la tête mais la figure entière (INV 24236). La reprise des motifs raphaélesques, surtout des têtes peintes à la Loggia de Psyché dans la composition de Lemoyne est évidente mais pas ostentatoire : même si le rapport est évident, il n'a pas hésité à inverser les dessins de Bouchardon pour créer de nouveaux visages comme pour Cérès et Vénus. Lemoyne adapte les modèles figuratifs de Raphaël copiés par Bouchardon à un canon contemporain. Parmi les cent-quarante figures peintes sur le plafond du salon d'Hercule, à peine une dizaine peut être rapprochée des personnages peints par Raphaël et copiées par Bouchardon. Lemoyne semble plutôt avoir assimilé les motifs raphaélesques au travers de Bouchardon, les adaptant et les inversant légèrement, sans chercher une citation littérale. Il est certain, cependant, que la méthode consistant à isoler les détails des dessins de Bouchardon a sans doute facilité leur appropriation de la part du peintre. Cela se voit dans l'association que Lemoyne fait de têtes de Raphaël, renversées et inversées, avec des corps copiés sur le modèle vivant. » (J. Trey, 2020). Bibliographie : A. de Montaiglon et J. Guiffrey, Correspondance des Directeurs de l'Académie de France à Rome avec les surintendants des Bâtiments, Paris, 1887-1912, vol.7 p.378 et vol.8 p.119 J. Trey, « Inventaire général des dessins du musée du Louvre. Ecole française. Les dessins de Edme Bouchardon (1698-1762), catalogue raisonné », Paris, 2016, n°175, p.111 A.-L. Desmas in « Edme Bouchardon (1698-1762). Une idée de beau », cat. exp. musée du Louvre, 2016, pp.88-89 J. Trey, « La Funzione di Raffaello : Lemoyne e i disegni di Bouchardon dalla Farnesina » in « Sfida al Barocco. Roma Torino Parigi 1680-1750 », Michela di Macco, Giuseppe Dardanello, Chiara Gauna, cat. exp. Venaria Reale, Reggia di Venaria, Citroniera, 13 mars - 14 juin 2020, Genova, Sagep, 2020, pp. 99-106, note 21 p.106

INDEX :
Lieux : Rome, Farnesina, Loggia di Psyche, oeuvre en rapport, Versailles, château, Salon d'Hercule, oeuvre en rapport
Personnes : Psyché - Santi, Raffaello, oeuvre en rapport - Lemoyne, François, oeuvre en rapport
Sujets : Lemoyne, François, Salon d'Hercule, oeuvre en rapport - Santi, Raffaello, Loggia de Psyché
Techniques : sanguine

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 10, p. 117