Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 07/10/2021 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

SILVESTRE Israël


Ecole française

Vue de Metz

Vers 1665/1667

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 33055, Recto

Anciens numéros d'inventaire :
NIII15629
MA12514

LOCALISATION :
Nouvelle réserve des pièces encadrées
Album Silvestre Israël
Folio 44
rapporté au recto

ATTRIBUTION ACTUELLE :
SILVESTRE Israël

TECHNIQUES :
Graphite, plume et encre brune, aquarelle H. 35,5 ; L. 130,1 cm Sur trois feuilles de papier raboutées. Filigranes : sur la feuille centrale : dauphin ; contremarque : BMColombier ; sur la feuille latérale gauche : raisin Annoté à la plume, en bas à droite : Dessigné au naturel par Israel Silvestre l'an 1667, et en haut à droite : 45 ; marque du Louvre en bas à droite (L. 1886)
H. 00,355m ; L. 01,301m

INVENTAIRE DU MUSEE NAPOLEON :
Inventaire du Musée Napoléon. Dessins. Vol.8, p.1573, chap. : Ecole française, Volume 3. (...) Numéro : 12514. Désignation des sujets : Volume 3 [n° 34] [[à l'encre]]. Ce volume est de forme oblongue et relié en veau. Cote : 1DD40

COMMENTAIRE :
"Cette vue panoramique de la ville de Metz témoigne des exceptionnelles qualités de graveur et de géomètre d'Israël Silvestre, qui magnifie cette cité considérée au XVIIe siècle comme l'une des plus importantes places fortes de l'est de la France. L'artiste, installé légèrement en hauteur sur les coteaux au sud-est de la ville, en conçoit une large perspective, depuis la tour Camoufle à gauche jusqu'à la porte des Allemands, reconnaissable à ses deux tours massives, dans le fond à droite. Derrière les murailles qui protègent la ville pointent les flèches gothiques de plusieurs édifices religieux, dont celles au centre de la cathédrale Saint-Étienne, qui dominent l'ensemble. Au premier plan, des buissons, quelques bergers et des moutons paissant dans un pré en bordure de la Seille donnent un caractère bucolique à cette représentation. Dans ses Notes manuscrites, Pierre Jean Mariette explique que, « de retour à Paris, il [Silvestre] grava avec beaucoup d'esprit et d'intelligence presque tous les desseins qu'il avait recueillis de ses voyages, il continua sur le même pied à en dessiner et en graver beaucoup d'autres de Paris et de ses environs, jusqu'à ce que le roy de France, connoissant sa capacité, le choisit pour dessiner et graver les vues de toutes les Maisons royales, celles des places conquises par sa Majesté, et plusieurs autres ouvrages qui sont aujourd'hui dans son cabinet (1 )». Mariette souligne le soin que l'artiste mettait à graver ses nombreux dessins de paysages et de vues de villes, ce qui lui valut l'honneur de recevoir des commandes royales. Celles des places conquises comptent parmi les plus ambitieuses, puisque les dessins de grande taille des villes furent gravés sur deux plaques, exigeant ainsi de Silvestre une grande habileté technique. Il est probable que l'artiste a utilisé une technique de report pour placer le profil de la ville, qui est la partie la plus finie du dessin. En comparant, d'une part, le dessin probablement exécuté sur le motif et, de l'autre, les deux planches gravées à l'eau-forte et les estampes, on peut supposer que, dans un premier temps, l'artiste a copié très fidèlement les architectures et le profil de la ville. Il a ensuite dessiné, directement sur le cuivre recouvert de vernis, le premier plan, en ajoutant notamment quelques détails pittoresques, comme par exemple, dans la partie gauche, le jeune homme qui court et les arbres qui viennent ponctuer le paysage. On constate ainsi qu'il a d'abord gravé un bosquet dans le second plan, qu'il l'a ensuite déplacé un peu plus à gauche au premier plan, afin de ménager un vide jusqu'à la porte Mazel et aux fortifications de la cité messine. Silvestre a égale- ment ajouté plusieurs groupes d'arbres dans la partie droite afin d'atténuer la sensation étrange d'une vue panoramique lointaine et impersonnelle qui se dégage de son dessin aquarellé. Ainsi, le graveur parvient, d'une manière unique, à faire coexister la majesté et la solennité de la ville fortifiée conquise par le roi et le caractère anecdotique du quotidien des campagnes environnantes. En examinant les plaques gravées, on constate que, dans la marge inférieure, une inscription gravée a été grattée pour laisser place à celle qui figure actuellement, et qui semble commencer par ces mots : « Se vende a Paris ». Cela laisse donc supposer que cette gravure fut d'abord éditée par Silvestre lui-même, avant d'être cédée à la surintendance des Bâtiments du Roi, comme l'affirmait Faucheux dans son cata- logue en indiquant l'existence de deux états antérieurs à celui connu, sur lesquels figurait l'adresse du graveur : « Se vende a Paris chez Israël Silueslre rue du Mail proche la rue Montmartre avec priuilge du Roy. 1667. »" Notes : 1. Mariette, éd. 1996-2003, II (1996), p. 374. Bibl. : Belin, 1968, no 52 ; cat. exp. Los Angeles et Paris, 2015-2016 , no 28, p. 112-113. Exp. : Jamais exposé.Bibl. : Belin, 1968, no 52 ; cat. exp. Los Angeles et Paris, 2015-2016 , no 28, p. 112-113. Exp. : Jamais exposé. (Jean-Gérald Castex in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), cat. sous la dir. de Bénédicte Gady & Juliette Trey, n°39-42). Bénédicte Gady & Juliette Trey, "Le védutiste de Louis XIV" in Grande Galerie, mars-mai 2018, n°43, pp. 84-87.

DESCRIPTION DE L'ALBUM :
« Soixante-seize feuilles proviennent de l'« album Silvestre » (Inv. 33011 à 33086)(80) .../... il s'agit d'un album factice, manifestement constitué au XVIIIe siècle, en réutilisant une reliure en veau, pleine peau lisse, dont les fers laissent penser qu'elle est d'origine nordique (83). L'examen du dos révèle que la reliure a été prise à l'envers par rapport à l'orientation des dessins dans l'album : les fleurons gravés au fer sont renversés, une étiquette de papier masque le caisson de tête et un cuir a été rapporté sur le septième, vraisemblablement pour cacher un ancien titre. Les pages de l'album portent un filigrane (aigle à deux têtes couronnées) et la contremarque de Thomas Marie Dupuy, famille de papetiers de Riom, moulin Grand-Rive à Ambert, actif de 1725 à 1778 (84).../...L'album est entré dans les collections royales à une date inconnue et se trouvait au Louvre pendant la Révolution (85). .../...la plupart des dessins du volume ont d'abord été collés sur une feuille ou sur des bandes de papier bleu, papier ensuite fixé sur la page d'album. L'examen révèle plusieurs étrangetés : les bandes bleues n'entourent que la partie collée des dessins pliés, dont la partie repliée présente des traces d'anciens collages ; certains dessins recto-verso sont attachés par une charnière au papier bleu alors qu'ailleurs c'est le papier bleu lui-même qui est mobile pour donner accès à un dessin collé sur son verso. ../...Depuis la Révolution, les dessins de l'album ont fait l'objet de traitements variés : cer- tains feuillets en ont été détachés, puis réintégrés ou non), d'autres ôtés après découpe des pages d'album, puis réintégrés ou non. Dans certains cas, les bandes de papier bleu ont même été refaites. Tous souffraient d'un empoussièrement dû au caractère non compact de l'album. Le tiers des dessins, de dimensions supérieures à celles de l'ouvrage, avaient dû être pliés lors de sa confection, ce qui créait des zones de fragilité au niveau des pliures et des zones de frottement sur le motif.../... C'est probablement aussi lors de la constitution de l'album que des dessins qui n'en formaient qu'un autrefois ont été coupés et séparés .../... Enfin, le collage des feuilles dans l'album s'était parfois fait sans égard pour la présence de dessins sur leur verso, parfois à demi cachés , parfois entièrement." Notes : 83. Nous remercions Valentine Dubard et Peter Fuhring pour leurs observations éclairantes sur l'album. Les dimensions de l'album sont H. 47,5 ; L. 64 ; ép. 8,5 cm. 84. Raymond Gaudriault & Thérèse Gaudriault, Filigranes et autres caractéristiques des papiers fabriqués en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, 1995, p. 79, signalé par Valentine Dubard. 85. Lorsque Morel d'Arleux dresse l'inventaire Napoléon, il mentionne le volume comme provenant de la collection ancienne (AMN 1 DD 40, vol. 8, p. 1573). (Bénédicte Gady & Juliette Trey, in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), pp. 26-31).

INDEX :
Collections : Saint-Morys
Lieux : Metz, Los Angeles, Getty Research Institute, oeuvre en rapport, Paris, Bibliothèque Nationale, département des Estampes et de la Photographie, oeuvre en rapport
Personnes : Silvestre, Israël, gravure en rapport
Techniques : encre brune - aquarelle - graphite - plume

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 13, p. 361