Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 04/11/2021 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

NATTIER Jean Marc


Ecole française

Buste de jeune femme, vue de trois quarts.

1744

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
RF 4247, Recto

LOCALISATION :
Réserve des pastels

ATTRIBUTION ACTUELLE :
NATTIER Jean Marc

TECHNIQUES :
Pastel sur papier bleu marouflé sur toile tendue sur châssis. Les mesures du cadre sont : H : 00,56 ; L : 00,448 et profondeur : 00,075. Signé en bas, à gauche : 'Nattier / 1744 (souligné)'. La restauration de cette œuvre a été rendue possible grâce au soutien de Joan et Mike Kahn en 2016.
H. 00,398m ; L. 00,325m

HISTORIQUE :
Collection du baron Basile de Schlichting (1857-1914), ancien hôtel Guichard,34 quai de Billy (actuelle avenue de New-York) à Paris. Dans la liste manuscrite de sa collection (Catalogue de mes objets d'art, conservé au département des Objets d'art du musée du Louvre), le pastel apparaît page 84 sous le numéro 278. Il est précisé qu'il a été payé 7 000 francs et qu'il est estimé 20 000 francs. Legs au musée du Louvre en 1914. Entré en 1915. Restauré en 2015, dépoussiérage et mise en place dans un cadre emboîtant.
Dernière provenance : Schlichting, Basile, baron de
Mode d'acquisition : legs
Année d'acquisition : 1909


COMMENTAIRE :
Neil Jeffares donne ce pastel à Jean-Marc Nattier, Tête de jeune fille (Dictionary of pastellists before 1800, Londres, 2006, p. 389). Le pastel semble avoir été suffisamment connu pour faire l'objet de plusieurs copies. Dès 1949, l'une d'entre elles est signalée chez lady Ashbourne. Peut-être s'agit-il de la copie vendue en 1923 à New York (Salomon, American Art Association, 4-7 avril, lot 374, repr.) ou de celle vendue à Londres chez Phillips le 5 décembre 1988, lot 19, sous une attribution à Jean-Martial Frédou, ou de la version ayant appartenu à la collection de James (1881-1973) et Alice Murnaghan à Dublin (voir le catalogue de leur vente, Dublin, Mealy's et Christie's, 14 octobre 1999,œuvre visible sur la photographie reproduite p. 70-71), ou bien encore de la copie vendue à Clamecy le 4 mars 2006 (Caste-Deburaux). Le musée des Beaux-Arts d'Orléans conserve également une copie au pastel (0,42 × 0,32 m. Fonds ancien, inv. 918, catalogue de 1876, p. 282,no 842) qui présente un traitement plus faible et ajoute une main à la composition. Moins d'une vingtaine de pastels peuvent être aujourd'hui rattachés au corpus de Jean-Marc Nattier. Ils témoignent de sa parfaite maîtrise dans l'utilisation de cette technique. L'artiste semble s'être tout particulièrement dédié à cet art dans les années 1740-1750, exposant ainsi au Salon de 1746 le portrait de M. Logerot (no 70 bis) dont La Font de Saint-Yenne souligna la « vigueur de couleur» et le « grand caractère de dessein », et à celui de 1748 l'effigie du premier président Maupéou (no 47) qui emportait l'adhésion de Saint-Yves, plus sensible à la couleur et à la vigueur du pastel qu'au métier des portraits peints à l'huile. Le 27 juin 1763, lors de la mise en vente des dessins, tableaux, estampes, bronzes, porcelaines et livres constituant le cabinet de Nattier, plusieurs œuvres peintes au pastel apparaissaient encore sous le lot 5 réunissant les tableaux en bordures dorées. Il s'agissait du portrait du président de M***, très probablement Maupéou, de deux portraits de femme en buste, d'un pastel figurant une vestale les mains jointes et du portrait de Mme la duchesse de C***, peut-être la duchesse de Chaulnes. Classé en 1930 par Georges Huard parmi les œuvres non autographes en raison de l'aspect un peu raide de la signature et de la datation, le portrait du Louvre est pourtant caractéristique de la technique du maître. Il s'agit du pastel daté le plus précoce aujourd'hui conservé, l'année 1744 étant également marquée par plusieurs commandes prestigieuses, à l'exemple des effigies peintes à l'huile de Louise Henriette de Bourbon-Conti (Stockholm, Nationalmuseum,inv. NM 1186) et d'Anne Josèphe Bonnier de L a Mosson,duchesse de Chaulnes (Paris, musée du Louvre, inv. RF 1942-32), toutes deux représentées en Hébé. La jeune femme à l'identité perdue se présente sur le pastel du Louvre le visage légèrement incliné et délicatement baigné d'ombre. Traitées à l'aide d'une matière peu épaisse qui laisse apparaître les vergeures de la feuille de papier, les carnations délicatement rosées sont mises en valeur par le nœud de soie bleue porté autour du cou, la perruque poudrée de gris et agrémentée d'une plume noire et d'un ruban du même bleu, et la dentelle noire de la pèlerine. Se distinguant du métier volontairement visible de La Tour et surtout de Perronneau, destiné à souligner un caractère, Nattier préfère jouer du contraste raffiné entre la touche fondue des chairs et les accents graphiques ou de couleur pure des étoffes, de la dentelle ou des cheveux. C'est là ce qui avait fait son succès dans ses portraits à l'huile auprès d'une clientèle féminine toujours sensible à paraître plus belle. C'est aussi peut-être ce qui avait su plaire au baron Basile de Schlichting, qui, outre ce beau pastel, avait aussi possédé un autre chef-d'œuvre du maître, le surprenant portrait à moitié dévêtu du duc de Chaulnes en Hercule (Paris,musée du Louvre, inv. RF2157) (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 110, p. 231-233). neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 110.

INDEX :
Collections : Schlichting
Techniques : pastel

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 20, p. 193