Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 07/10/2021 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

BLARENBERGHE Louis Nicolas van


Ecole française

Entrée de Louis XV dans la ville de Mons le 30 mai 1747

1747

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
RF 3479, Recto

LOCALISATION :
Nouvelle réserve des pièces encadrées

ATTRIBUTION ACTUELLE :
BLARENBERGHE Louis Nicolas van

TECHNIQUES :
Aquarelle avec rehauts de gouache, sur esquisse à la pierre noire, mise au carreau à la pierre noire, quelques corrections effectuées à la gouache blanche. Traces de mise au carreau. Tracés de perspective. Restauré en 2006.
H. 00,260m ; L. 00,885m

HISTORIQUE :
Descendants de l'artiste : H.J. Van Blarenberghe son fils, H. Van Blarenberghe; Lucien Rouzé-Huet (Lugt 1742) - acquis par Henri-François-Alexandre van Blarenberghe, legs sous réserve d'usufruit en 1906, en faveur de sa femme et de son fils ; rentré en 1907. Vu au récolement le 22/10/2018 en Réserve des pièces encadrées, marqué sur étiquette (C35 Réserve des pièces encadrées, G. Masson et Ch. Winling).
Dernière provenance : Blarenberghe, Henri François Alexandre van
Mode d'acquisition : legs
Année d'acquisition : 1906


COMMENTAIRE :
'Le 4 mai 1778, Louis Nicolas van Blarenberghe fut officiellement désigné par Louis XVI pour être son unique peintre de batailles. Selon les termes du brevet de la Maison du Roi, connu uniquement par un facsimilé (archives privées, descendance de l'artiste), Sa Majesté voulait « transmettre à la postérité les faits mémorables des campagnes du feu Roi Louis XV par des tableaux de Cabinet en mignature représentant les vües des batailles gagnées par l'Armée de France en Flandre », Elle a jugé ne pouvoir faire un meilleur choix pour remplir toute l'étendue de ses vues sur l'un et l'autre objet que de la personne du sieur Louis Nicolas Vanblarenberghe, peintre de batailles dont / la supériorité de talents connus par tous ses ouvrages.... » Attaché à la suite du département de la Guerre, il était chargé de peindre d'après les minutes de desseins qui lui seraient remis, ce très vaste programme iconographique destiné aux appartements privés du Roi. Au total 23 grands vélins spécialement apprêtés en Angleterre (environ 0,60 x 0,95 m) furent peints en miniature et livrés au château de Versailles de 1778 à 1790, sans compter les commandes du ministère de la Guerre. A la fois magistralement et minutieusement exécutés, ces « tableaux en miniature » montrent tous les régiments engagés par Louis XV mais aussi deux épisodes de la guerre d'Indépendance américaine, le Siège et la Prise de Yorktown en 1781, seuls combats contemporains du règne de Louis XVI. Le présent dessin permet d'apprécier son travail préparatoire. Il esquisse sur la moitié de sa hauteur définitive, la gouache datée de 1783 commémorant L'entrée de Louis XV à Mons le 30 mai 1747 (H. 0,59 m, L. 0,94 m ; Versailles, MV 2259). Dans l'¿uvre achevée, les deux-tiers de la surface sont réservés à un ciel clair parsemé de nuages montant de l'horizon, et toute l'attention se concentre sur la foule innombrable qui peuple le premier plan, depuis l'extrémité en bas à gauche du dessin jusqu'à la porte de la ville placée à droite. L.-N. van Blarenberghe reprit exactement la composition de L'Entrée du Roi à Mons de Charles Parrocel (1688-1752) aussi conservée au château de Versailles (H.S.T., H. 1 m, L. 2,30 m). Il n'avait en effet à disposition aucune vue précise de Mons ; Le Rouge n'avait édité qu'un simple plan en 1744 et le graveur Lattré n'avait pas fait davantage en 1746. Dumortous, dans son Histoire des conquêtes de Louis XV publiée en 1759, donnait une vue panoramique du siège de Mons où les clochers de la ville étaient bien distincts, mais il ne fournissait pas le détail de la porte de l'enceinte. Lorsque Louis-Nicolas peignit sa gouache, la place forte de Mons venait d'être démantelée sur l'ordre de l'empereur Joseph II en 1782 et la ville ne conservait plus dès lors que son enceinte du XIVe siècle. Le détail de la porte d'enceinte qui figure ici sur le dessin - un pont-levis précédé de deux piles de pierres blanches du XVIIIe siècle - fut pris par Louis-Nicolas van Blarenberghe sur un modèle qui n'est pas identifié. Le 30 mai 1747, Louis XV fit son entrée dans Mons et fut reçu par le clergé et tous les corps de la ville qui étaient allés à sa rencontre. L.-N. van Blarenberghe a hésité sur l'emplacement du carrosse du roi, qu'il a finalement avancé un peu plus vers la droite, au-delà du clocher de la première église. Il a très simplement esquissé ici en noir l'emplacement d'un membre du corps de la ville, mais la figure courbée dans l'attitude de respect est déjà très expressive. On voit d'ailleurs sur le dessin, au milieu sur fond blanc, une ébauche du corps de ville réuni près d'un cavalier de la garde royale. Dans la gouache définitive, ce groupe est à sa place accueillant le roi. Le spectateur doit alors chercher du regard où se trouve le carrosse royal, noyé dans la foule. Ainsi est-il astucieusement conduit par l'artiste à faire comme les nombreux habitants, groupés sur les pontons et les rives des marais alentours. L.-N. van Blarenberghe déploie tout son savoir-faire et se distingue de son prédécesseur Charles Parrocel dans l'animation d'une foule remuante, avec mille détails amusants dont il aime à peupler ses gouaches. Ainsi, pour bien traduire l'excitation générale causée par l'arrivée du roi, dans le premier plan vert au milieu à gauche du dessin, il placera trois chevaux frémissants et tenus avec peine, dont un en train d'effectuer une belle ruade. A l'époque de ce dessin, L.-N. Van Blarenberghe était au sommet de sa carrière. Ses revenus étaient de 4400 livres de traitement par an depuis 1780 auquel s'ajoutaient 1440 livres par tableau livré pour le roi : il en exécuta deux à trois en moyenne par an' (Nathalie Lemoine-Bouchard, dans cat. exp. Voyager et dessiner : Dessins du Musée du Louvre et du musée d'Orsay, 1580-1900, par C. Loisel, L. Angelucci, F. Joulie, I. Julia, N. Lemoine-Bouchard, Ch. Leribault, Moscou, Galerie Tretiakov, 21 septembre - 14 novembre 2010, n° 10 - catalogue publié en langue russe). Voir aussi : Anthony Blunt, 'The James A. de Rothschild Collection at Waddesdon Manor, Gold Boxes and Miniatures of the Eighteenth Century', Fribourg, 1965, p. 245 ; Jean-François Méjanès dans 'Le paysage en Europe du XVIe au XVIIIe siècle', par Catherine Legrand, Jean-François Méjanès, Emmanuel Starcky, Paris, Musée du Louvre, 1990, n° 76. Monique Maillet-Chassagne, Une dynastie de peintres lillois, les Van Blarenberghe, Bernard Giovanangeli Editeur, Paris, 2001, p. 85. Jean-François Méjanès, Les Van Blarenberghe, des reporters du XVIIIe siècle, cat exp., Paris, musée du Louvre, 27 janvier-30 avril 2006, Gand, Snoeck, Paris, musée du Louvre, 2006, n° 49, p. 55.

INDEX :
Collections : Van Blarenberghe, Henri François Alexandre, Mme - Rouzé-Huet, Lucien
Lieux : Mons, Versailles, château, oeuvre en rapport, Angleterre+
Personnes : Louis XV, roi de France+ - Louis XVI, roi de France+ - Joseph II, empereur germanique+ - Dumortous, Pierre+ - Parrocel, Charles+
Sujets : Entrée triomphale
Techniques : encre noire - gouache - gouache blanche - pierre noire - aquarelle - mis au carreau

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 20, p. 104