Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
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GROS Antoine Jean Baron


Ecole française
1771-1835


BIOGRAPHIE :
Né à Paris le 16 mars 1771 ; mort à Meudon le 25 juin 1835. Fils ainé de Jean-Antoine Gros (1732-1790) et de Madeleine-Cécile Durand (1745-1831), il eut une sœur cadette, Jeanne-Marie-Cécile, née le 11 mars 1774. Son père était peintre de portraits en miniature ainsi que collectionneur; sa mère était une dessinatrice dilettante qui développa aux côtés de son mari une bonne prédisposition pour la miniature. Après une première initiation au dessin par ses parents et par Elisabeth-Louise Vigée Le Brun, artiste-peintre amie de famille, Gros entra, fin 1785, dans l'atelier de Jacques-Louis David, où il fut condisciple de François-Xavier Fabre, Jean-Baptiste Wicar, Anne Louis Girodet, Jean Baptiste Isabey, François Gérard. Début 1787, Gros fut admis à l'Académie Royale des Beaux-Arts où il se fit remarquer en remportant plusieurs prix et médailles dans les différents concours organisés par l'école. Ces années sont celles de ses premières peintures : 'La Baigneuse' (Besançon, musée des beaux-Arts et d'archéologie), généralement datée de 1791, et 'Les Bergers d'Arcadie', tableau perdu, peint peu après. En 1792, Gros arriva deuxième au concours du Prix de Rome avec une vivace interprétation du thème imposé pour cette année, 'Antiochus et Eléazar' (Saint-Lô, Musée des Beaux- Arts de Saint-Lô). La mort de son père, les graves difficultés financières de sa famille - notamment à cause de l'échec d'un investissement effectué durant les mois révolutionnaires - l'obligèrent à ralentir le rythme de ses études et à travailler : tout en continuant à fréquenter l'Académie, Gros donna des leçons de dessin, et grâce à l'intercession de David, participa à la réalisation des portraits (dessinés et gravés) des députés de l'Assemblée Nationale (la collection avait été initiée en 1789, dès la constitution de l'Assemblée). Parmi les soixante-dix portraits réalisés par Gros, figurait également celui de Robespierre (Paris, Musée Carnavalet, D. 7093). Entre la fin 1792 et le début 1793, les tensions révolutionnaires s'aggravèrent très fortement, culminant avec l'exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793. Dans ce climat de suspicion aigüe, Gros décida d'entreprendre un voyage en Italie. Après trois mois de voyage et un séjour en Provence (Nîmes, Montpellier, Sète, Marseille), il arriva à Gênes le 30 Floréal an Ier de la République (19 mai 1793). L'atmosphère hostile aux Français de la ville le poussa à rapidement rejoindre Florence, plus francophile, où il arriva le 8 juin 1793. Il y resta jusqu'en mai 1794, lorsqu'il décida de retourner à Gênes, où le gouvernement français avait fait en sorte de garantir la sécurité de ses concitoyens. C'est dans cette ville que s'établirent les bases de sa carrière artistique, grâce à un événement capital survenu vers la fin de 1796 : la rencontre avec Joséphine Bonaparte, qui l'invita à le suivre à Milan pour lui présenter le Général. Quelques semaines plus tard, Bonaparte lui commandait son portrait, 'Bonaparte au pont d'Arcole' (Versailles, Musée National du Château), premier acte de la prospère carrière artistique du peintre. L'heureuse rencontre avec les Bonaparte marqua un véritable tournant dans la vie de Gros : Napoléon Bonaparte le nomma d'abord lieutenant d'état-major, puis, en janvier 1797, membre de la Commission des Arts, chargée de choisir les œuvres d'art à ramener en France comme butin de guerre, comme prévu par l'Armistice de Bologne (23 juin 1797) et le Traité de Tolentino (19 février 1797). Cette mission permit à Gros de compléter sa formation et d'approfondir sa connaissance de la peinture italienne : de Milan à Bologne et de Bologne à Rome, puis de Rome et de nouveau à Milan, en passant par Livourne et Pise, le jeune artiste visita églises, musées, pinacothèques et galeries d'art, afin d'inventorier pour le compte de la République française les richesses de la péninsule. Une fois terminé le travaux de la Commission des Arts terminé, en novembre 1797 Gros fut nommé « Inspecteur aux revues », continuant ainsi sa carrière militaire au sein de l'armée d'Italie. A partir de mai 1799, il séjourna une troisième fois à Gênes. Quelques mois plus tard, il quitta la ville dans des circonstances dramatiques, échappant miraculeusement au siège des troupes autrichiennes et piémontaises alliées des Liguriens opposés au gouvernement français. En février 1801, après une absence de plus de sept ans, Gros rentra à Paris. Il avait alors trente ans et un tableau de succès à son actif : le portrait de 'Bonaparte au Pont d'Arcole', exposé cette année-là au Salon. Très rapidement, le peintre connut une série de succès avec les grands tableaux célébrant les campagnes napoléonienne en Égypte et en Syrie (1799-1800) : en 1801, il remporta le concours destiné à célébrer 'Le Combat de Nazareth', glorieuse victoire du général Junot de 1799 (l'esquisse du tableau, jamais exécuté, est aujourd'hui à Nantes, Nantes, musée d'arts de Nantes) ; en 1804, Bonaparte, alors premier consul, lui commanda 'Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa' (Paris, musée du Louvre) ; en 1806, il peignit 'La Bataille d'Aboukir' (Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon). En 1808, Gros reçut la commande d'un tableau célébrant la victoire en 1807 de l'empereur sur les Russes et les Prussiens : 'Napoléon sur le champ de bataille d'Eylau' (Paris, musée du Louvre), peinture qui lui valut la croix de Cavalier de la Légion d'Honneur. Le 31 juillet 1809, il épousa Augustine Dufresne (1789-1842), dix-huit ans plus jeune que lui ; le couple n'eut jamais d'enfant. Cette même année, l'artiste exécuta 'La Capitulation de Madrid' (Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon), qui avait eu lieu le 4 décembre 1808, au début de la campagne d'Espagne. En 1810, il peignit 'La Bataille des Pyramides' (Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon), en souvenir du premier grand succès de Napoléon, au début de la campagne d'Egypte ; la même année, il réalisa une ébauche célébrant la victoire de l'empereur de juillet 1809 à Wagram, avec 'La Bataille de Wagram' (Boissy-Saint-Leger, château de Grosbois). En 1811, Napoléon Bonaparte commanda à Gros la décoration de la coupole du Panthéon ; les travaux, interrompus en 1814, reprirent et furent achevés après la Restauration, en 1824, sous le règne de Charles X (1824-1830). En 1812, Gros peignit 'L'Entrevue de Napoléon Ier et de François II après la bataille D'Austerlitz' (Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon), ainsi que 'Charles Quint reçu par François Ier à l'abbaye de Saint-Denis' (Paris, musée du Louvre). En 1815, la chute de Bonaparte, la mort de Joséphine et l'exil de David mirent en péril la carrière de l'artiste, qui eut une brève période d'inactivité. Mais malgré cette position difficile, Gros parvint rapidement à se faire apprécier de la dynastie bourbonienne. Peu avant son départ pour Bruxelles en janvier 1816, David lui avait confié la direction de son atelier, désormais très fréquenté, le désignant ainsi officiellement comme son héritier. Au cours des premières années suivant la Restauration, l'artiste réalisa de nombreux portraits ainsi que d'autres œuvres importantes, comme 'Les Adieux de Louis XVIII quittant le palais des Tuileries dans la nuit du 20 mars 1815' (Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon) et 'L'embarquement de la duchesse d'Angoulême à Pauillac le 1er avril 1815' (Bordeaux, Musée des Beaux-Arts), peints respectivement en 1817 et 1819. Par ailleurs, au lendemain de la Restauration, le ministre de l'Intérieur lui avait commandé un grand tableau représentant 'Saint Denis prêchant dans les Gaules' ; destiné à l'Eglise de la Madeleine (jamais réalisé). Nommé d'abord membre de l'Institut de France et puis professeur de peinture à l'Ecole royale de beaux Art en 1816, il devint membre du Conseil honorifique des Musées Nationaux par la volonté de Louis XVIII (1815-1824), et obtint, en 1824, le titre de Baron de la main de Charles X, qui avait depuis peu succédé à Louis XVIII. Les œuvres des premières années de la décennie 1830 sont emblématiques d'une transformation radicale de la peinture de Gros. 'Bacchus et Ariane' (1821, Phoenix, Art Museum) et 'Saint-Germain' (1824, Versailles, Grand Trianon, Chapelle Royale) datent de cette période. De 1827 à 1829, l'artiste travaille à la décoration au 1er étage des plafonds du Musée Égyptien, nouvelle galerie du Louvre voulue par Charles X (Sully, étage, Salle des Colonnes). En 1828, le gouvernement le nomma Officier Royal de la Légion d'Honneur. L'année suivante, il fit élu membre du Conseil de l'Académie d'Anvers. A cette époque, parallèlement à sa glorieuse ascension sociale, Gros assista à la chute de sa réputation artistique et l'hostilité envers son style pictural, considéré désormais classique et conventionnel, ne cessa d'augmenter après la chute de Charles X. Si en 1833, la présentation au Salon de 'L'Amour, piqué par une Abeille, se plaint à Vénus' (Toulouse, musée des Augustins) laissa le public et la critique perplexes, c'est surtout l'immense 'Hercule et Diomède Vénus' (Toulouse, Musée des Augustins) de 1835 qui provoqua des réactions violentes et des critiques acerbes. Plongé depuis plusieurs mois dans une grave dépression, Gros se suicida le 25 juin Gros en se jetant dans la Seine. Son corps fut retrouvé près de Meudon. Voir : Laura Angelucci, Musée du Louvre, département des Arts graphiques, 'Inventaire général des dessins, école française : Antoine Jean Gros (1771-1835)', Paris, Louvre éditions / Mare & Martin, 2019, p. 11-15, 251-278.


SYNONYMES :
Baron Gros
Antoine-Jean Gros
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